Il y a de cela quelques années, les Urbainculteurs offraient une formation en jardinage urbain qui s’échelonnait sur toute la saison. Du design de potager à la fermeture en fin de saison, c’était cinq journées complètes qui étaient consacrées à cet apprentissage. J’ai participé à la création de ce cursus et j’ai aussi donné la plupart des formations avec une collègue. Les cours étaient donnés dans les locaux du Cégep Limoilou, campus Limoilou. Ce qui était super, c’est que ce Cégep cache un trésor peu connu, une toiture entièrement végétalisée!
En 2017, nous avons modifié cette toiture afin de créer un jardin communautaire ainsi qu’un jardin de démonstration pour soutenir la théorie transmise lors des formations. Tout un chantier! Dans ce jardin, nous avons essayé une foule de techniques, supports et matériaux pouvant être utilisés en agriculture urbaine. Un beau terrain de jeu pour explorer les possibles. Ce qui attirait le plus l’attention et suscitait le plus de questions c’était définitivement notre collection de pots. L’agriculture urbaine est souvent synonyme de production hors sol. On a plongé dans l’univers des pots à pieds joints, il y en avait partout!
Une offre étourdissante
L’offre quasi illimitée de pots en centre jardin semble intimider le consommateur. On nous a souvent demandé quel était le meilleur choix, le meilleur matériau et surtout, quel achat offrait la meilleure durabilité. Certains souhaitent fabriquer leurs pots, certains cherchent le choix le plus esthétique. On est loin d’avoir essayé tout ce qui se retrouve sur le marché, mais notre expérience vaut certainement un partage dans ce billet. Allons-y!
Des notions à garder en tête
Je dis souvent que tout peut devenir un pot. On le voit sur le Net, un jardin dans une paire de jeans, une théière, une bouteille de boisson gazeuse, un bain. Je ne vous dirai jamais de ne pas essayer ces propositions, il faut s’amuser si on jardine. Toutefois, gardez en tête que ces essais doivent être faits sans prérogatives de performance et de durabilité. Les photos de ces jardins hors normes sont prises à un moment précis, lorsque tout est frais et beau. Sur le moyen terme, il est possible que les conditions se dégradent, tant pour l’objet devenu pot que pour la plante qui s’y retrouve. Usez de votre sens critique lorsque vous partez à la chasse à l’inspiration. Je serais bien curieuse de voir l’état de la paire de jeans après une saison!
Dans tous les cas, peu importe ce que vous choisissez comme pot, il y a deux notions importantes à retenir, j’y reviendrai sans cesse: le volume et le drainage. Plus votre pot pourra contenir de terre, plus vous pourrez y mettre de gros végétaux. Choisissez des pots qui sont proportionnels à la grosseur de vos plantes potagères. Si votre pot se draine bien, vous éviterez l’asphyxie des racines et que votre substrat devienne de la boue (j’ai créé malgré moi plusieurs pots de boue, je vous garantis que rien ne pousse!).
Le pot de plastique
Commençons par le pot qui existe probablement dans la plus grande variété de formes et de formats, de couleurs et même de textures: le pot de plastique. J’en ai même déjà vu un avec une lampe intégrée pour qu’il illumine le soir. On peut dire que les possibilités sont quasi infinies.
Comme le choix est très grand, l’éventail des qualités l’est aussi. Règle générale, plus le pot est robuste et durable, plus son prix sera élevé. À vous de voir selon votre budget. Un pot de plastique ne respire pas. Assurez-vous qu’il y ait des trous pour le drainage. D’ailleurs, avez-vous déjà acheté un cache-pot en pensant que c’était un pot (histoire vécue)? Si cela est le cas ou si votre pot n’a pas de drainage, transformez-vous en bricoleur d’un jour et sortez la perceuse. Faites plusieurs trous sous le pot et le tour est joué. J’ai déjà essayé avec un clou et un marteau, cela fonctionne aussi.
Le pot à réserve d’eau
Souvent fait de matière plastique, le pot à réserve d’eau est fabriqué avec un double fond où se cache ladite réserve. En raison de sa composition, il se décline également en une grande variété de couleurs et de formats. Il existe plusieurs mécanismes, mais le principe reste le même. Assurer un contact entre l’eau et le terreau afin d’irriguer la plante progressivement, par capillarité. Il permet de sauter un arrosage ou de partir quelques jours, mais il n’est pas magique.
Je l’ai appris à mes dépens avec les pots à réserve d’eau dans le jardin de démonstration. J’ai failli tuer toutes les plantes! Disons que j’avais «un peu» surestimé le pouvoir de la pluie. Si les averses ne sont pas suffisantes pour remplir la réserve ou si votre pot est placé à un endroit couvert, il est de votre responsabilité de la remplir. Gardez cela en tête si vous songez à faire cet achat. Vous devrez composer avec les aléas de la météo.
À l’inverse, vous devez vous assurer que votre plante ne devienne pas une plante de marécage. En effet, chaque pot à réserve d’eau doit avoir un trou pour le trop-plein. Il permet d’évacuer l’excédent d’eau lors de grandes averses. Ce trou n’est pas toujours percé, au cas où le jardinier voudrait en faire usage à l’intérieur. Vérifiez toujours avant de remplir le pot.
Ce type de pot est un peu plus cher à l’achat. Aussi, il n’est pas recommandé pour les plantes qui aiment la sécheresse. Si vous prenez le temps de comprendre son fonctionnement, il peut être bien utile.
Sachez que vous pouvez créer votre propre pot à réserve d’eau. Il existe plusieurs modèles avec plans fournis sur le Web.
Pot en géotextile
Comment ne pas aborder le fameux pot en géotextile? Je ne sais même plus combien j’en ai installé au fil des années, je le connais par cœur. Ses nombreuses caractéristiques: il existe dans une grande variété de formats, il est léger (sans la terre, quand même), il laisse passer l’eau et l’air, il est totalement perméable. Il peut passer l’hiver dehors sans problème et sa longévité est estimée à entre 7 à 10 ans (je confirme).
Certains formats ont des poignées, tandis que d’autres n’en ont pas. Pour avoir déplacé une grande quantité de pots, je vous garantis qu’il est plus aisé de le faire avec les poignées. Donc, si vous croyez qu’il serait envisageable que votre aménagement change, optez pour un pot avec poignées ou dans un format raisonnable (si vous le déplacez à deux, par exemple).
Plusieurs marques existent, mais soyez vigilants lors de votre achat. Premièrement, plus le géotextile est épais, moins il laissera passer l’air et l’eau. Aussi, certaines marques utilisent un géotextile traité contre les rayons UV. Cela permet une meilleure longévité des matériaux, qualité non négligeable pour la durabilité de votre achat.
Le look de ce pot ne fait pas toujours l’unanimité. Disons qu’il n’offre pas le même esthétisme qu’un pot en terracotta. Le grand défi autour de ce pot reste la gestion de l’irrigation. Tout dépendant du format choisi, il pourra sécher plus rapidement qu’un autre pot. Lors de votre première saison, vous devrez probablement apprendre à bien doser votre irrigation. Je dis cela, mais la gestion de l’eau est souvent le principal défi pour tout nouveau jardinier.
Une amie a confectionné ses jardinières avec du géotextile acheté en vrac à la quincaillerie. Elle a pu faire exactement ce qu’elle souhaitait. Après 2 saisons, tout semble en bon état. Longue vie à sa création!
Le pot de terracotta
Ah! le pot en terre cuite, je le trouve tellement élégant! Pensez à un format et il existe. Vous pourrez même acheter la petite assiette assortie pour mettre sous le pot, un vrai charme.
Quand je pense à un aménagement avec des pots en terracotta, je pense à la Méditerranée, je vois du romarin et du thym partout. La variabilité des formats le rend très polyvalent, en plus d’être abordable et largement disponible. Son style est sobre et intemporel, on ne se trompe pas. Côté drainage, ce type de pot est idéal puisqu’il est percé au fond. Aussi, comme le matériau de fabrication est perméable, il permet une certaine circulation de l’air et de l’eau. J’ai souvent vu ces pots peints avec différents motifs colorés; pourquoi ne pas exprimer votre fibre artistique?
Par contre, qui dit terre cuite dit possibilité de cassure. Vous pouvez casser le pot lors d’un déplacement. Comme il est perméable à l’eau, il est possible qu’il casse à cause des gels et dégels de l’hiver. On suggère de le mettre à l’abri pour la saison froide. Pour ma part, je déteste déplacer mes aménagements, cela nécessite de l’espace supplémentaire en plus d’être forçant. En ville, cela peut représenter un inconvénient puisque l’espace est souvent un enjeu. Aussi, il peut devenir très lourd une fois rempli. À éviter si vous jardinez sur un toit. Mais sinon, je pense que tout potager doit avoir son pot de terracotta.
Une liste sans fin
Je pourrais poursuivre cet article encore et encore, tellement l’offre est grande! Avant d’acheter un pot, prenez le temps d’analyser ses caractéristiques et de voir s’il correspond à votre besoin. En réfléchissant un peu, il est facile de discerner le pour et le contre de chaque type de pot. Et surtout, comme je le mentionne depuis le début, la clé réside principalement dans le volume et un bon drainage! À chacun son pot.